Les omega-3 et 6, essentiels pour le développement infantile
Les acides gras essentiels font partie de la famille des lipides. Aussi appelés «graisses», les lipides constituent, avec les protéines et les glucides, une des trois grandes familles de macronutriments. Ces derniers sont indispensables au bon fonctionnement de l’organisme de l’adulte mais aussi des enfants.
Retrouvez dans cet article, l’origine des acides gras, les différents types et les recommandations nutritionnelles. Par ailleurs, découvrez quels rôles jouent les oméga-3 et 6 dans le développement de l’enfant.
Des précurseurs aux AGPI (acides gras polyinsaturés)
Les lipides se présentent majoritairement sous deux formes: les triglycérides et les phospholipides. Ces derniers sont constitués principalement d’acide gras apportés par l’alimentation et, pour certains, synthétisés par notre organisme. Un acide gras essentiel est un acide gras qui ne peut être synthétisé par notre organisme et qui nécessite un apport exogène par l’alimentation. Dans le cas contraire, quand l’organisme est capable de fabriquer les acides gras, ils sont dits non essentiels.
On compte deux grandes familles d’acides gras polyinsaturés essentiels :
- Les oméga-3, dont le précurseur indispensable est l’acide alpha linolénique (ALA) qui synthétise les acides eicosapentaénoïque (EPA) et les acides docosahexaénoïque (DHA). Cependant, le DHA est considéré comme essentiel car il ne peut être synthétisé en quantité suffisante par l’organisme malgré la présence d’ALA [1].
- Les oméga-6, avec l’acide linoléique (LA) comme précurseur permettant à l’organisme de synthétiser l’acide arachidonique (ARA) [1].
En parallèle, les acides gras non essentiels regroupent des acides gras monoinsaturés, comme l’acide oléique, et des acides gras saturés comme les acides laurique, myristique et palmitique.
Pourquoi les acides gras sont-ils essentiels au bon développement du nourrisson ?
Les acides gras oméga-3 et 6 sont présents dans les membranes des cellules. Ils influencent le fonctionnement des organes et des tissus.
Oméga et développement cérébral
Les AGPI, et notamment le DHA, sont des composants majeurs des neurones. Ils sont donc nécessaires à un bon développement cérébral chez le nouveau-né.
Le DHA va s’accumuler principalement dans le cerveau du fœtus, majoritairement pendant le troisième trimestre de grossesse.
Plusieurs études soulignent l’importance de l’apport en acides gras essentiels, notamment en oméga-3, pendant la grossesse pour le développement cognitif du nouveau-né [14] [7].
A partir de la naissance de l’enfant, la couverture des besoins en acides gras Oméga-3 et 6 se fera par le lait maternel, la composition en DHA de celui-ci étant très variable en fonction de l’alimentation de la mère [14]. Lorsque l’enfant n’est pas allaité, de nombreuses études cliniques montrent qu’une supplémentation des formules infantiles en DHA pourrait avoir des bénéfices sur le neurodéveloppement de l’enfant [17]. L’ajout de DHA est d’ailleurs devenu obligatoire depuis 2020 dans les laits infantiles. [15]
L’importance d’un ratio oméga-6/3 équilibré
La quantité de DHA que peut produire le corps à partir d’ALA est limitée, en partie par le ratio oméga-6/oméga-3 lié à une compétition sur les enzymes qui participent à la synthèse de DHA et d’ARA.
Afin d’augmenter la capacité de synthèse de DHA à partir d’ALA, une étude clinique réalisée en 2000 montre que la consommation d’une formule infantile avec un ratio de 5:1 entraîne une plus grande concentration de DHA au niveau du sang et des tissus sanguins comparativement à une formule avec un ratio de 15:1. Ainsi, il est important de garder un ratio ALA/LA proche de 5 afin d’améliorer la synthèse endogène de DHA [16].
Les normes européennes pour la nutrition infantile
Les sources d’oméga-3 et 6
La première source apportant les acides gras polyinsaturés (AGPI) à l’enfant provient de l’allaitement maternel. C’est pourquoi l’allaitement maternel exclusif est conseillé durant les 6 premiers mois de vie. En Europe, il est obligatoire d’enrichir les laits infantiles. La réglementation des laits infantiles impose une teneur en lipides totaux, mais encadre également la composition en certains acides gras spécifiques tels que LA, ALA et DHA [15]. Au delà des 6 mois, les nourrissons sont capables d’utiliser les précurseurs afin de former naturellement des AGPI.
Les réglementations européennes pour le lait infantile
Depuis 2020, les laits infantiles 1er et 2e âge doivent obligatoirement présenter des doses de DHA entre 20 et 50 mg/100 kcal [15].
Les oméga-3 et 6 sont donc indispensables au bon développement de l’enfant. Dès son plus jeune âge, ils permettent un bon développement neurologique [17] et participent à de nombreuses autres fonctions physiologiques.
SOURCES:
[1] Les lipides – Anses – Mars 2021
[2] Simopoulos AP. The importance of the omega-6/omega-3 fatty acid ratio in cardiovascular disease and other chronic diseases. Exp Biol Med (Maywood). 2008 Jun;233(6):674-88. doi: 10.3181/0711-MR-311. Epub 2008 Apr 11. PMID: 18408140.
[3] Simopoulos AP. An Increase in the Omega-6/Omega-3 Fatty Acid Ratio Increases the Risk for Obesity. Nutrients. 2016 Mar 2;8(3):128. doi: 10.3390/nu8030128. PMID: 26950145; PMCID: PMC4808858.
[4] Shetty SS, Kumari N S, Shetty PK. ω-6/ω-3 fatty acid ratio as an essential predictive biomarker in the management of type 2 diabetes mellitus. Nutrition. 2020 Nov-Dec;79-80:110968. doi: 10.1016/j.nut.2020.110968. Epub 2020 Aug 7. PMID: 32919185.
[5] A. Houlbert ; La meilleure façon de manger (Thierry Souccar éditions)
[6] Acides gras de la famille oméga 3 et système cardiovasculaire – Anses
[7] Acides gras polyinsaturés oméga-3 et leurs bienfaits pour la santé – F. Shahidi et P. Ambigaipalan – Revue annuelle des sciences et technologies alimentaires 2018 9 : 1 , 345-381
[8] INSERM. (2020, 10 décembre). Lien entre nutrition et cerveau – Inserm.
[9] CLÉMENTINE BOSCH-BOUJU, C. B.-B., & SOPHIE LAYÉ, S. L. (2015). FONCTIONNEMENT CÉRÉBRAL : LE RÔLE DES ACIDES GRAS POLYINSATURÉS. NUTRITION INFOS N° 42.
[10] Bocquet, A. (2021, 12 janvier). Les acides gras dans l’alimentation de bébé 0 – 3 ans.
[11] Gutiérrez, S., Svahn, SL et Johansson, ME (2019). Effets des acides gras oméga-3 sur les cellules immunitaires. Revue internationale des sciences moléculaires , 20 (20), 5028.
[12] Czernichow, Sébastien ; Thomas, Daniel ; Bruckert, Eric ; Acides gras oméga-6 et maladies cardiovasculaires : Recommandations en matière d’apport alimentaire, Med Sci (Paris), 2011, Vol. 27, N° 6-7 ; p. 614-618 ; DOI : 10.1051/medsci/2011276013
[13] Les acides gras oméga 3 | Anses – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. (s. d.). Anses.
[14] Shulkin, M., L. Pimpin, D. Bellinger, S. Kranz, W. Fawzi, C. Duggan, et D. Mozaffarian. 2018. “n-3 Fatty Acid Supplementation in Mothers, Preterm Infants, and Term Infants and Childhood Psychomotor and Visual Development: A Systematic Review and Meta-Analysis.” J Nutr 148 (3):409-418. doi: 10.1093/jn/nxx031.
[15] Règlement européen : EU 2016/127
[16] Markrides M, Neumann MA, Jeffrey B, Lien E, Gibson R. A randomized trial of different ratios of linoleic to α-linolenic acid in the diet of term infants : effects on visual function and growth. American Journal of Clinical Nutrition. 2000; 71:120-9
[17] EFSA NDA Panel (EFSA Panel on Dietetic Products, Nutrition and Allergies), 2014. Scientific Opinion on the essential composition of infant and follow-on formulae. EFSA Journal 2014;12(7):3760, 106 pp. doi:10.2903/j.efsa.2014.3760